Compagnie française des mines du Laurium

La Société des usines métallurgiques du Laurium et la Compagnie française des mines du Laurium sont les deux entreprises qui ont repris les travaux initiés par la société Hilarion Roux & Cie dans le sud-est de l’Attique entre 1864 et 1873. Si la première est grecque, fondée en 1873 par le banquier Andréas Syngros avec des capitaux du pays, la seconde s’appuie essentiellement sur des capitaux étrangers. La Compagnie française des mines du Laurium est fondée à Paris en septembre 1875 sur la base d’une société anonyme par actions. L’entreprise est alors dotée d’un fonds social de 13 500 000 francs et ses principaux actionnaires, Jean-Baptiste Serpieri, Léonard Mercati et Christos Antonopoulo, sont tous trois détenteurs de concessions minières et de puits d’extraction dans la région du Laurium. La société bénéficie de l’appui de capitaux français, dont ceux d’Hilarion Roux, président du conseil d’administration de l’entreprise entre 1881 et 1883. Son objet est l’exploitation de mines de plomb et de zinc de la région du Laurium et tout ce qui se rapporte au commerce de leurs produits et à leur traitement métallurgique. Après une augmentation de capital liée à l’acquisition des actifs de la société minière Périclès en 1879, le fonds social de l’entreprise est porté à 16 300 000 francs. Les produits, principalement des galènes argentifères, sont vendus en Grande-Bretagne et à Marseille, où Hilarion Roux a créé, à la Madrague de Montredon, une usine spécialisée dans l’affinage et le désargentage des plombs.

En 1882, les actionnaires de la Compagnie française des mines du Laurium acceptent le principe d’une fusion avec la Compagnie française des mines et usines d’Escombrera-Bleyberg, une société également créée par Hilarion Roux et financée en partie par la branche française de la famille Rothschild, mais l’État grec refuse de donner son accord. L’entreprise, qui a connu une expansion rapide entre sa création et le début du XXe siècle, est par la suite touchée par les secousses du marché mondial du plomb et du zinc. En 1930, des problèmes financiers poussent les actionnaires à répondre favorablement aux sollicitations de reprise de Peñarroya, société fondée par Charles Ledoux qui a fusionné en 1912 avec la Compagnie française des mines et usines d’Escombrera-Bleyberg. L’entreprise du Laurium devient ainsi une filiale d’un des tout premiers acteurs mondiaux de la filière des non-ferreux jusqu’aux années 1960. À partir de ce moment, l’entreprise décline lentement mais inéluctablement. La baisse de sa production de minerais de plomb est le signe manifeste de cet affaiblissement progressif : 35 251 tonnes en 1883, 7 329 tonnes en 1930 et 4 438 tonnes en 1960. En 1977, l’entreprise, toujours filiale de la société Peñarroya, arrête son activité minière, avant de cesser définitivement ses opérations métallurgiques en 1982. La baisse des cours du plomb et du zinc, l’épuisement des gisements et de lourdes charges financières ont eu raison de la société. Sur l’initiative de l’École polytechnique d’Athènes, un programme de réhabilitation du site est lancé en 1992, afin de créer un parc technologique et culturel.

La Compagnie française des mines du Laurium a eu un impact important sur l’économie et la société grecques, notamment durant ses premières décennies d’activités. Plus grosse entreprise industrielle et minière du pays avec autour de 1 400 ouvriers en 1880, elle a alimenté des transferts de techniques étrangères, initié des mobilités ouvrières et d’ingénieurs, principalement depuis la France, l’Espagne et l’Italie. Elle s’est également montrée pionnière en termes d’infrastructures techniques, avec des chemins de fer et des installations portuaires modernes, ou sociales, avec la construction de cités ouvrières pour fixer et conserver la main-d’œuvre nécessaire à ses travaux. Le site d’exploitation a aussi été le théâtre des premiers grands mouvements sociaux ouvriers, comme en témoignent les nombreuses grèves des années 1880-1929 et le développement - précoce pour la Grèce – des idées socialistes et anarcho-syndicalistes dans les groupes ouvriers qui composaient sa main d’œuvre.

Siège social
Paris
Secteur d'activité
Activité en Grèce
Mines, Métallurgie
Lieu d'exercice
Date de fondation
1875
Date de dissolution
1982

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