Jean-Baptiste Serpieri (1832-1897)

Jean-Baptiste (Giovan Battista) Serpieri est un des grands personnages de l’activité minéro-métallurgique méditerranéenne de la seconde moitié du XIXe siècle. Actif de l’Italie à la Turquie dans des secteurs aussi différents que le plomb, le zinc, le cuivre, la calamine et le fer, il se distingue en Grèce par les entreprises qu’il créée ou auxquelles il participe à Sérifos, au Sounion, à Milo, à Siphnos et surtout en Attique. Dans les années 1860, il est en effet, avec le Marseillais Hilarion Roux, un des deux grands artisans de la reprise des travaux sur les plombs argentifères du Laurium.

Issu d’une famille de verriers et de commerçants, Jean-Baptiste Serpieri naît en 1832 à Rimini (Émilie-Romagne). Impliquée dans les mouvements libéraux et unitaires du Risorgimento, la famille Serpieri doit s’exiler après la chute de la République romaine en 1849. Jean-Baptiste est envoyé à Gênes pour y suivre des études de mathématiques. Son père Enrico gagne lui la Sardaigne, où un ami producteur de charbons de bois lui confie un poste d’inspecteur forestier. C’est dans le cadre de ce travail qu’il identifie le gisement de scories plombifères antiques et médiévales de la province d’Iglesias. Il s’associe alors avec Ferdinand Bouquet, un ingénieur lyonnais formé à l’École centrale de Paris qui vient d’ouvrir un laboratoire d’analyses chimiques à Marseille, pour acheter les terres les plus riches de ces vieux déchets de fonderie. À partir de 1856, ces scories sont exportées brutes vers Marseille, où elles servent de fondant pour le traitement des galènes argentifères. Jean-Baptiste, qui a entre-temps rejoint son père en Sardaigne, est envoyé dans le grand port provençal pour gérer avec Ferdinand Bouquet le commerce de ces produits. Il s’y marie en 1858 avec Clémence Reboul, fille d’un arbitre de commerce local. Cette même année, la société Bouquet-Serpieri réussit des essais de fonte de scories seules dans l’usine à plomb de Septèmes, au nord de Marseille. C’est l’acte de naissance d’une véritable entreprise métallurgique en Sardaigne, où deux fonderies sont ouvertes, la première à Domus Nova en 1859 et la seconde à Flumini Maggiori en 1861. L’entreprise est vite florissante, expose ses plombs d’œuvre à l’exposition universelle de Londres de 1862 et les exporte vers Marseille, la Belgique et l’Angleterre.

L’appétit de la société Bouquet-Serpieri pour les scories déborde rapidement de la Sardaigne pour se projeter vers la Grèce. Dès 1859, Enrico Serpieri avait été alerté de l’existence de déchets plombifères de fonderie sur le territoire du Laurium. L’idée d’en tirer profit est alors retardée par la construction des fonderies de Sardaigne. En 1863, les installations sardes achevées, l’intérêt peut devenir concret et Enrico Serpieri envoie son fils Jean-Baptiste au Laurium avec un projet d’exploitation de ces matières pauvres en plomb, mais riches en argent. Pour s’assurer les plus grandes chances de réussite, la société Bouquet-Serpieri a pris soin de s’adjoindre comme partenaire le Marseillais Hilarion Roux, expert dans le traitement des matières pauvres - scories, haldes et minerais de faible teneur - en Espagne et homme de réseaux financiers et techniques. Il s’agit tout d’abord de se rendre maître des matières à travailler, non dans le cadre de concessions d’exploitation demandées à l’État - les scories ne sont pas des produits naturels du sous-sol, mais des déchets métallurgiques de surface -, mais par des contrats passés avec les habitants de la région. La propriété étant souvent indivise en Grèce, le sol appartient en grande partie à une forme de société villageoise (appelée chinôtis), avec laquelle il faut s’entendre pour le droit d’exploitation de ces gisements de surface. En 1863 et 1864, des contrats sont ainsi passés avec les habitants de Kératia, d’Ergastiria et de Thériko et le projet prend définitivement corps. Autour de Jean-Baptiste Serpieri, Hilarion Roux et Ferdinand Bouquet, la Société métallurgique du Laurium (raison sociale Hilarion Roux & Cie, est créée à Marseille en avril 1864, avec pour objet « l’exploitation des scoriaux de Grèce, leur acquisition, la fusion des scories, leur vente, en un mot tout ce que comporte une industrie métallurgique ». L’entreprise croît rapidement : elle occupe 1 200 ouvriers dès 1867 et produit alors quelque 10 000 tonnes de plomb par an. À la fin des années 1860, le travail n’entend plus concerner les seules scories, mais aussi les haldes (ecvolades), rejets antiques d’extraction minière également abandonnés en surface. Le temps du succès est court, car des conflits éclatent avec le gouvernement grec sur la fiscalité et les droits de propriété des matières exploitées à partir de 1869. L’affaire se solde en 1873 par la fin de la société Hilarion Roux & Cie et le rachat de ses actifs par une société grecque. L’aventure du Laurium se poursuit néanmoins pour Jean-Baptiste Serpieri, car il a su obtenir de véritables concessions minières dans la même zone. La mine donc, après la métallurgie. En 1875, il créée, sans son partenaire de longue date, Ferdinand Bouquet, décédé cette même année, mais toujours avec Hilarion Roux, une société anonyme pour le traitement des galènes argentifères, la Compagnie française des mines du Laurium, une des plus belles réussites dans l’activité minéro-métallurgique de la Grèce du XIXe siècle. Il entretient alors avec Roux des liens complexes, contrastés dans le domaine professionnel, mais aussi de réelle proximité familiale. Au moment de sa mort en 1897, Jean-Baptiste Serpieri laisse une entreprise prospère, gérée par son fils Fernand, nommé administrateur de la société en 1889, et un palais à son nom à Athènes, construit dans le style néo-classique entre 1880 et 1884 par l’architecte marseillais Xavier Girard, édifice que l’on remarque encore de nos jours à l’angle des rues Panepistimou et Edouardou Lo.

Nom
Serpieri
Prénom
Jean-Baptiste
Date de naissance
1832
Date de decès
1897
Lieu de naissance
Rimini
Lieu de décès
Athènes
Qualité
Entrepreneur industriel
Secteur d'activité

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