Ingénieur et industriel français, Charles Ledoux est né à Paris en 1837. Il est surtout connu pour avoir été le fondateur en 1881 de la Société minière et métallurgique de Peñarroya (future Metaleurop au XXe siècle). Sa formation a été brillante, avec des études à l’École polytechnique (promotion de l’année 1858) et une spécialisation à l’École des Mines de Paris (promotion de l’année 1862). Sa carrière commence dans l’administration, comme ingénieur ordinaire dans le corps des mines. Charles Ledoux est nommé à Privas en 1862 pour prendre en charge la circonscription du Gard et de l’Ardèche, deux départements riches en entreprises minières et métallurgiques. En 1869, il est contacté par Hilarion Roux et Jean-Baptiste Serpieri pour un projet de réalisation en Grèce, au Laurium, d’une ligne ferroviaire, la deuxième du pays après celle qui vient juste d’être mise en fonctionnement pour relier Athènes au Pirée. Il s’agit alors de la première réalisation industrielle de Charles Ledoux dans le secteur privé.
Depuis 1864, la société Hilarion Roux & Cie s’est lancée dans l’exploitation des scories plombifères du Laurium, ces rejets de l’exploitation antique, matières pauvres en métaux mais d’une teneur élevée en argent. Réparties dans un rayon de 10 à 15 kilomètres autour de l’usine, ces scories sont acheminées vers la fonderie d’Ergastiria par un réseau de routes empierrées et quelque 200 charrettes hippomobiles. L’entretien de cette voierie d’une longueur totale 66 kilomètres et d’une écurie de plus de 300 chevaux coûte cher, tandis que la croissance de l’activité de l’entreprise demande de dépasser l’approvisionnement quotidien des fours, alors autour de 400 tonnes de scories par ce système de transport archaïque. La modernisation est devenue indispensable et elle doit se faire rapidement. Charles Ledoux établit le projet d’un chemin de fer à voie étroite long de 9,2 kilomètres avec locomotives à vapeur. L’ingénieur parisien s’est inspiré d’une ligne déjà existante, construite par le marquis de Bassano 11 ans plus tôt en Algérie, dans la concession des mines de fer magnétique de Mokta-el-Hadid. Le travail de Charles Ledoux consiste principalement à adapter le modèle des machines-locomotives en termes de puissance pour régler le problème posé par le caractère accidenté du parcours dans la région du Laurium.
Les travaux commencent au printemps 1870, sous la direction d’Adrien Collet, un ancien sous-chef de section du chemin de fer du Paris-Lyon-Méditerranée. Le chantier emploie pendant 18 mois entre 200 et 300 ouvriers. L’absence d’une main-d’œuvre locale qualifiée demande le recrutement d’ouvriers italiens, principalement piémontais. Ces derniers sont également chargés de former des terrassiers et des maçons grecs, principalement recrutés à Milo et dans le Magne. Les trois locomotives à vapeur à six roues chargées de tracter les wagons de scories sont achetées en France, à une entreprise alsacienne reconnue pour son savoir-faire dans la mécanique ferroviaire, celle des Koechlin à Mulhouse. La ligne est mise en service en octobre 1871. Elle sert néanmoins peu de temps la société Hilarion Roux & Cie. En 1873, après une longue affaire l’opposant à l’État grec sur le statut et la propriété des matières qu’elle travaille au Laurium, l’entreprise française est contrainte de céder ses installations dans le cadre d’une vente aboutissant à la création d’une société grecque, la Société des usines métallurgiques du Laurium.
Outre ses différentes fonctions et réalisations dans le domaine minier et dans l’industrie, Charles Ledoux a livré un bon nombre d’écrits. On lui doit notamment un tableau de la reprise d’activité au Laurium dans les années 1860, indispensable source sur l’histoire de la société Hilarion Roux & Cie avec l’ouvrage de l’ingénieur grec André Cordella, paru en 1869. Il est à noter que la société Metaleurop, dont Charles Ledoux a été à l’origine, était propriétaire des installations du Laurium au moment de la cession d’activité du site en 1977.
