La société en commandite J. Monin et Cie a été fondée à Paris en 1894, avec un capital de 850.000 francs, dont 205.000 en commandite, dans le but d’exploiter une mine de fer à Grammatico. Située dans une région montagneuse près de Marathon, au nord-est de l’Attique, cette mine, d’une étendue de 4.822 stremmes, appartenait aux héritiers de l’officier de l’armée Scarlatos Soutsos.
Avant de fonder sa société, Joseph Monin (1837-1910), ingénieur des mines et entrepreneur, avait travaillé à Spiliazeza (Lavréotiki) de 1887 à 1890 comme sous-traitant de la Société des Mines de Seriphos-Spiliazeza. Plus tard, en 1901-1907, associé à Spyridon Despositos et Luigi de Pian, il a exploité les gisements de manganèse et de plomb de la mine de Viethi, à Lavréotiki toujours. Par ailleurs, en dehors de son activité en Grèce, Joseph Monin a acquis à partir de 1889 des concessions de mines de fer en France, à Batère, dans le Canigou (Pyrénées-Orientales).
À la mort de Joseph Monin en 1910, Léopold Chollet, ingénieur des Arts et Manufactures, ancien professeur à l’École Centrale, a pris sa place et la raison sociale de la commandite est devenue L. Chollet et Cie (51, rue Rochechouart, Paris). La durée prévue de la société devait expirer en 1921, mais la mort de Léopold Chollet en 1919, à l’âge de 73 ans à Paris, amène la dissolution de la société, placée en liquidation cette même année.
Depuis les années 1890, une importante infrastructure a été créée à Grammatico pour l’exploitation de la mine, comprenant une ligne ferroviaire de 16 km de long et de 1 m de large, ainsi qu'un pont métallique construit sur des piliers en maçonnerie pour le chargement des minerais, à Limnionas. Un pont en pierres construit en 1892 sur le parcours de la ligne ferroviaire est considéré comme étant l’œuvre de Julien Napoléon Haton de La Goupillière (1833-1927), ingénieur des mines, docteur en sciences mathématiques, professeur puis directeur de l'École supérieure des Mines (1887-1900), membre de l'Académie des Sciences (1884).
La mine de Grammatico a été exploitée intensivement par des sous-traitants, qui ont extrait de grandes quantités de minerais de fer pour le compte de la société J. Monin et Cie d’abord et puis pour le compte de L. Chollet et Cie. Au cours de la première décennie du XXe siècle, Spyridon Despositos et Luigi de Pian étaient parmi les sous-traitants des mines de Grammatico. Entre 1895 et 1910, 1.431.941 tonnes de minerais ont été extraites des galeries souterraines de Grammatico, mais la production a commencé à baisser progressivement à partir du début du XXe siècle. Le puits principal, équipé d’un élévateur à vapeur, avait une profondeur de 200 m. selon une estimation de 1910 ; les minerais étaient acheminés jusqu’au pont de chargement par la ligne ferroviaire, qui avait une pente moyenne de 25 millimètres et trois aiguillages.
En 1896-1900, autour de 500 ouvriers travaillaient à la mine de Grammatico, mais en 1910 ils n’en étaient plus que 271. L’ingénieur des mines Achille Géorgiadès, diplômé de l’École supérieure des Mines en 1890, a travaillé dans les mines de Grammatico ainsi qu’à la Compagnie Française des Mines du Laurium en 1895-1902, avant de quitter la Grèce pour devenir directeur de la société française des mines de Malfidano en Sardaigne. Ioannis Synodinos, ingénieur des mines aussi, diplômé de l’Académie des Mines de Freiberg en 1906, a servi à Grammatico comme superviseur et directeur d’exploitation des mines en 1910-1912. Enfin, I. Stefanatos était en 1910 responsable de la ligne du chemin de fer et de ses locomotives.
La baisse graduelle de la production à partir de 1902/1903 et jusqu’à son arrêt définitif en 1919 était due aux problèmes techniques que posait la formation du filon, mais aussi aux choix des entrepreneurs. L’activité minière (c. 1890 – 1919) a laissé d’importants vestiges matériels à Grammatico, en surface et sous terre. Une recherche spéléologique récente a localisé les grottes souterraines qui formaient l’espace des mines, le puits central profond de plus de 100 m, plusieurs puits plus petits et le dédale des galeries souterraines qui se développent sur 6 à 7 niveaux au moins. Toutes les installations sont aujourd’hui abandonnées.