Société ottomane d’exploitation du port de Salonique

Société ottomane d’exploitation du port de Salonique

 

Régie par les lois ottomanes, cette compagnie est française par son conseil d’administration et par l’origine de ses capitaux puisque son service financier est assuré par la Banque impériale ottomane. Son siège social est à Constantinople et son conseil d’administration siège à Paris, 7 rue Lafayette. Le président du conseil d’administration est Edmond Bartissol (Portel 1841-Paris 1916). Edmond Bartissol obtient la concession de la construction et éventuellement de l’exploitation du port de Salonique en 1896 et la même année fonde la Société de construction du port de Salonique. Le 16 janvier 1905, à la suite de la convention du 1er décembre 1904 avec le gouvernement ottoman, la compagnie prit le nom de Société ottomane d’exploitation du port de Salonique. On ne connaît pas la répartition du capital de cette société anonyme mais la composition de son conseil d’administration donne des indications sur l’envergure et la durée de l’implantation de Bartissol à Salonique. En 1912, la direction comprend huit administrateurs et le clan Bartissol y est fortement représenté. Edmond Bartissol occupe le poste du président du conseil, son neveu, Jules Robert, et l’amiral Louis Caubet, époux de Marie Bartissol, y siègent également, ainsi que l’amiral Joseph Nabona, beau-frère de Léon Jaubert, autre neveu d’Edmond Bartissol. L’organe est complété par un Audois, le marquis Laurens-Castelet, et trois financiers orientaux, Salem, Levi Modiano et Hadjibar Effendi. Les commissaires aux comptes, Merzbach et Masseron, sont directement impliquées dans les affaires du groupe Bartissol.

La société est cotée à la Bourse de Paris et en 1903 elle a émis 17.000 obligations de 500 francs à 5%. Le cours des actions est un indicateur des difficultés dans la gestion du port. Lles entrepôts manquent, les quais sont envahis par les marchands de tapis, l’administration ottomane s’abstient d’intervenir. L’action de 500 francs vaut 350 francs en 1903, s’effondre à 272 francs à 1906, mais elle se redresse à 364 francs en 1911 et même à 475 francs en 1912. Partant de l’activité strictement portuaire, Bartissol s’intéresse au début du XXe siècle à toute la ville, cité cosmopolite en pleine transformation. Il fonde en 1905 avec Paul Félix une compagnie immobilière et de régie de terrains à Salonique. Cette société anonyme ne se borne pas dans une seule ville mais définit que son objet social est « l’achat et la revente de tous terrains et immeubles en France ou à l’étranger, le courtage et la vente ainsi que la régie de propriétés et de terrains, notamment à Salonique ». Nous n’avons pas d’informations sur le devenir de cette société immobilière qui fut peut-être absorbée par la société d’exploitation du port.

En revanche, cette dernière traversa les décennies et l’histoire agitée des Balkans. Elle survit à la loi grecque sur l’établissement d’une zone franche au port de Salonique (1914) et à l’établissement d’une zone franche yougoslave au port (1923). En 1930, ses droits sur l’exploitation et les installations du port sont rachetés par l’organisme public ‘Fonds portuaire de Thessalonique’ (Λιμενικόν Ταμείον Θεσσαλονίκης), mais l’entreprise qui, pendant ce temps, est devenue société du droit français (1928), continue ses fonctions sous le nom de Société franco-hellénique d’exploitation du port de Salonique jusqu’en 1960. À cette date, trois de ses administrateurs, Louis Bergé, Jacques Violet, René Patrouix, sont gendres de Jules Robert.

La construction du port démarra en 1897 et fut confiée à Jules Robert, neveu d’Edmond Bartissol, et ingénieur des Arts et Métiers. Jules Robert obtient par procuration d’Edmond (15 juillet 1896) les pleins pouvoirs pour passer les marchés, acheter les terrains, assurer les actes financiers au nom de Bartissol. Lorsqu’il obtient la Légion d’honneur en janvier 1904, Jules Robert apparaît comme « l’administrateur délégué de la société du construction du port de Salonique ». Le chantier de Salonique devient sa grande œuvre. Néanmoins, les travaux de construction et d’aménagement du port (1897-1903) sont dirigés par un jeune centralien, Marcel Pouard. Les travaux effectués suivent les projets dressés auparavant par H. Pascal et A. Guérard qui, de leur part, ont été modelés sur le plan du port de Marseille. Le plan comprenait la construction des quais de 800 m de longueur sur une largeur de 130 m gagnée sur la mer, deux môles de 200 m de longueur abritant un plan d’eau de 13,0 hectares, et un brise-lames de 560 m. Un terre-plein de 100.000 m2 fut aménagé devant le vieux quartier d’entrepôts. Le nouveau port fut placé suivant des critères fonctionnels sur le site du port historique, à la proximité de la gare de chemins de fer et du quartier franc et commercial. Muni d’infrastructures techniques et de bâtiments d’une technologie innovante pour les constructions urbaines, il constitua la zone la plus rationnellement ordonnée de la ville. L’implantation durable de Bartissol à Salonique, le concours de la Banque ottomane à son entreprise, son influence sur le territoire de la Sublime Porte facilitent l’accès à d’autres entreprises françaises dans le domaine des travaux publics de la ville: la Société des chemins de fer helléniques, filiale de la Société de construction des Batignolles (SCB) et Erlanger & Cie, se charge de la construction du chemin de fer du Pirée à Salonique (1902-1912). Le Bureau Technique de François Hennebique de Paris, détenteur de la patente du béton armé, réalisa la construction de la douane et des silos pour la compagnie du port de Salonique.   

Auteur
Siège social
Constantinople
Secteur d'activité
Activité en Grèce
port de Thessaloniki
Lieu d'exercice
Date de fondation
1896
Date de dissolution
1958

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