Edmond Bartissol (1841-1916)

Edmond Bartissol est né le 20 décembre 1841 dans le village de Portel dans l’Aude. La commune dispose d’un des plus importants gisements de gypse de la façade méditerranéen. La formation et la jeunesse d’Edmond Bartissol sont entourées d’incertitudes. Dans les notices biographiques des parlementaires (il a été élu député des Pyrénées Orientales de 1889 à 1893) ou dans les notes biographiques publiées lors de sa décoration comme officier de la Légion d’honneur (1914) ou lors de son décès (1916) il apparaît successivement un « ingénieur constructeur », puis un « ingénieur et architecte », en même temps qu’on le dépeint comme un « entrepreneur des travaux publics » et « autodidacte ». À l’âge de 17 ans, Edmond commence à travailler avec son frère aîné qui a obtenu la construction d’une partie de la ligne de chemin de fer de Narbonne à Perpignan. Si, à cet âge, Edmond aurait pu avoir achevé ou interrompu ses études secondaires au lycée de Perpignan qu’il a fréquenté depuis 1853, il est pourtant certain qu’il n’a pas suivi d’études supérieures. Il est par conséquent un autodidacte, un cas parmi les entrepreneurs des travaux publics formés sur le tas, par opposition aux diplômés des grandes écoles (Polytechnique, Centrale, Mines, Ponts et Chaussées, Arts et Métiers).

Edmond Bartissol connaît une rapide ascension professionnelle sur le chantier du canal de Suez. Il y débute comme conducteur, puis devient conducteur principal et finalement chef de section, chargé de l’exécution de la section à sec de la plaine de Suez. De Suez, Bartissol a surtout ramené une expérience des grands travaux et de précieuses relations. De retour en France en 1870 il se porte volontaire pour servir à la Garde Nationale et il est affecté à la 4e compagnie du 260e bataillon de marche. Une fois la guerre terminée, il se préoccupe de son avenir professionnel. En 1871, Alexandre Lavalley, avec qui Bartissol a gardé des contacts depuis Suez, lui confie la mission d’étudier l’organisation des chemins-de-fer en Galicie, l’année suivante en Turquie et ensuite la mission d’envisager la construction d’un port à Fiume. En 1874, Bartissol est sollicité par le Comptoir National d’Escompte pour étudier le tracé de voies ferrées. En 1876, il réalise un rapport sur les mines de fer magnétique de San Thiago dans la province d’Alentejo. En 1878, comme représentant de la « Société Financière de Paris », il signe avec le gouvernement du Portugal le contrat relatif à la réalisation du chemin de fer de la Beira Alta. Les travaux commencent en 1879, se poursuivent jusqu’en 1882 et la ligne fonctionne dès la fin de cette même année. Bartissol devient directeur de la « Compagnie de chemin de fer de la Beira Alta » jusqu’en 1887. Bien qu'exerçant cette fonction, Bartissol est également, avec Alexis Duparchy, autre ami depuis Suez, l’entrepreneur général de la ligne de Torres Vedras à Figueira da Foz, ligne d’une autre société ferroviaire, la « Compagnie Royale des chemins de fer portugais ». Bartissol, Duparchy et Dauderni obtiennent en 1884 l’adjudication de la construction du port de Leixoes, près de Porto. Toujours au Portugal, Bartissol réalise en 1886 la ligne de Belem à Cascales et le grand tunnel du Rocio. De 1887 à 1890, il est chargé de l’établissement de la station centrale du chemin de fer métropolitaine de Lisbonne. C’est alors que Bartissol engage un jeune Centralien originaire de Perpignan, Jules Robert. En 1889, à Lisbonne, Jules Robert épouse Marguerite Bartissol, fille d’Urbain, un des frères d’Edmond Bartissol. Désormais, Jules Robert dirige la plupart des réalisations de Bartissol que ce soit au Portugal, dans l’Empire ottoman, au Mozambique, au Brésil ou en Roussillon.

Parallèlement à des multiples chantiers au Portugal, Bartissol et Duparchy s’engagent dans un grand projet en Espagne : une grande transversale nord-sud, le long de la frontière portugaise, 350 kilomètres de voies entre Plasencia et Astorga via Zamora et Salamanque. La Compagnie « Madrid Cacérès Portugal » obtient la concession et en 1889 Bartissol et Duparchy acceptent de construire cette ligne à forfait pour 136.000 francs par kilomètre. La compagnie portugaise connaît rapidement de grandes difficultés financières, interrompt le service de sa dette en 1890 et Bartissol et Duparchy arrêtent les travaux. Pendant cinq ans, la ligne resta inachevée, mais en 1895 une nouvelle entreprise ferroviaire est créée. Les travaux peuvent reprendre et cette ligne d’Astorga à Plasencia est achevée en 1896.

Edmond Bartissol a suivi depuis 1886, par l’intermédiaire de son ami Dauderni, l’évolution et les errements de l’entreprise de Ferdinand de Lesseps à Panama. En 1893, il se jette dans un premier projet de relance du chantier qui vise à relier par une ligne du chemin de fer les deux tronçons du canal réalisés sur les deux versants atlantique et pacifique. La commission technique rejette le projet sans appel. L’affaire échoue mais Bartissol n’est pas découragé et, en 1896, il se trouve à Salonique où il obtient la construction et la concession du port.

La stratégie internationale d’Edmond Bartissol s’accompagne d'une recherche d’un enracinement local. Dès 1882, il avance l’idée d’un projet de barrage sur la Têt, à Vinça, afin d’assurer l’irrigation de la plaine de Roussillon, projet qui n’aboutira pas. En 1887, au centre de Perpignan, il construit un ensemble résidentiel de luxe dénommé Cité Bartissol. Dans son enceinte, il fonde en 1893 la fabrique de papier à cigarette Suez, mais il vendra l’entreprise et la marque dix ans plus tard. À la fin des années 1880, il construit une usine électrique qui permettra en 1898 à Perpignan de s’éclairer à l’électricité et d’alimenter en 1901 le réseau de tramways qui dessert la ville. La même année, il entreprend l’opération de destruction des remparts qui enserrent le chef-lieu du Roussillon et l’aménagement urbain de l’espace ainsi libéré, une opération extrêmement fructueuse, car, en contrepartie du prix de la démolition, il récupère 17 des 42 hectares libérés au cœur de la ville.

Edmond Bartissol fait son entrée dans la politique à l’occasion des élections législatives de septembre 1889. Il est élu député de justesse dans la circonscription de Céret au second tour de scrutin devant le républicain progressiste Jules Pams. En quatre années de mandat, son bilan d’activité est bien modeste et en août 1893 il est battu par son adversaire Pams. En 1902, Edmond Bartissol est confortablement élu dans l’arrondissement de Perpignan où il est réélu en 1906. Député durant une période durant laquelle la viticulture envahit le Parlement, Bartissol dépose en vain une proposition de loi tendant à instaurer une déclaration de récolte afin de lutter contre la fraude par sucrage et mouillage des vins à la propriété, mais il trouve, surtout, l’occasion d’un rebond industriel dans la vente du vin. Il crée en 1904 la Société des vins de Banyuls naturels (SVBN) qui fédère dans un premier temps 442 propriétaires adhérents. Sur ce modèle, il s'efforce de mettre sur pied le trust des vins du Midi pour lutter contre la détérioration des cours. Ce projet est abandonné mais la SVBN prospère et personnalise le vin doux naturel qu'elle commercialise en Banyuls Bartissol. Le vin Bartissol est aujourd’hui la cinquième marque française d’apéritifs.

Auteur
Nom
Bartissol
Prénom
Edmond
Date de naissance
1841
Date de decès
1916
Lieu de naissance
Portel
Qualité
entrepreneur
Secteur d'activité

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