François Théophile Feraldi (1805-1888)

Installé à Nauplie depuis 1830, le banquier François Théophile Feraldi signe en septembre 1833 une convention avec le gouvernement qui lui confie le service de poste maritime. Il se charge de maintenir à la disposition de ce service 6 bateaux grecs reliant la Grèce aux ports méditerranéens. En décembre de cette même année il soumet à la Régence une longue note où il propose de créer une colonie « manufacturière et agricole » à Myloi, près de Nauplie, comprenant un ensemble de fabriques (soierie, huilerie-savonnerie, tannerie), une ferme modèle et des maisons d’habitation. Il se dit prêt à faire amener des ouvriers-tanneurs recrutés « dans les meilleurs ateliers français », des « savonniers » de Marseille et des familles italiennes « expertes dans le tirage de la soie ». En échange, il demande la concession de 200 stremmes de terres à Myloi, l’affermage des impôts sur les cocons et l’exemption de tous droits et taxes pendant 30 ans. À terme, le tout devrait devenir propriété de l’Etat.

Nous connaissons mal les origines de Feraldi. Il est citoyen français et, d’après ce qu’il écrit, il a vécu en Provence et en Italie. Il est probablement proche des milieux saint-simoniens de Nauplie - sinon saint-simonien lui-même - et à leur protecteur, le ministre Ioannis Colettis. La nature de ses projets et ses ambitions démesurées permettent de supposer une telle affiliation idéologique.

Les autorités grecques semblent prêter en principe une oreille attentive à ces propositions et des discussions s’entament avec les ministres de l’Intérieur (Colettis) et des Finances (Théocharis) en 1834. Mais pour des raisons inconnues jusqu’à présent, le projet n’a pas eu de suite. Il se peut que Feraldi lui-même l’ait abandonné. Ce n’est pas la seule fois qu’il se montre inconstant. Au cours de cette même année 1834, la décision a été prise pour le transfert de la capitale de Nauplie à Athènes, et Feraldi s’empresse de s’installer au Pirée. Il se peut aussi que des concurrents l’aient mis hors du jeu, car, à la même époque, le négociant grec K. Douroutis était en train de préparer l’établissement des fabriques de soie à Sparte et Kalamata, en demandant également l’affermage des cocons.

Feraldi s’installe donc au Pirée, petite escale à l’époque presque déserte, et investit, paraît-il, sur le marché immobilier. Dès 1837 il est en mesure de vendre au gouvernement un ensemble de constructions au Pirée qui servira à loger l’Ecole Militaire (Σχολή Ευελπίδων). En 1839 Feraldi achète une grande résidence au centre d’Athènes (rue Eolou) pour la transformer en hôtel, l’ « Hôtel d’Angleterre », qui fonctionnera jusqu’en 1875.

La concession du service postal est renouvelée en 1835. Un peu plus tard Feraldi devient l’agent de la Compagnie Fraissinet de Marseille. Il sera aussi de temps à autre l'agent consulaire de quelques pays européens (Danemark, Hollande). Mais il ne se lasse pas de rechercher d’autres affaires. En 1835 déjà, il avait lancé l’idée d’une ligne du chemin de fer Athènes-le Pirée, dont il estimait le coût à un million de drachmes, mais à l’époque ce projet, jugé trop cher, n’a pas eu de suite. Vingt ans plus tard, il répond à l’appel d’offre lancé en octobre 1857 par le ministère de l’Intérieur pour la concession de cette même ligne, et il gagne l’adjudication face à un groupe d’entrepreneurs grecs –dont Georges Stavros, le directeur de la Banque Nationale de Grèce, et K. Douroutis (toujours lui) - en proposant de meilleurs prix pour les tickets des passagers, le partage des profits avec le gouvernement s’ils sont supérieurs à 12%, et enfin l’abaissement de la durée du privilège d’exclusivité (de 75 à 72 ans). Mais il n’a pas pu faire face aux multiples problèmes, financiers et techniques, que présentait cet ouvrage et en 1862 il est proclamé caduc.

Quelques mois seulement avant d’obtenir la concession ferroviaire, en mai 1857, Feraldi avait obtenu celle du gaz d’Athènes. Dans ce cas aussi, il n’a pas été efficace, mais il a pu tout au moins assurer la relève, en fondant à Paris, en 1860, la Société du Gaz d’Athènes. Après la perte de l’affaire du chemin de fer en 1862 il est en difficulté et abandonne l’entreprise du gaz. Depuis, il ne s’est plus mêlé à d’autres affaires ; au cours des années 1870 il est toujours agent de la Compagnie Fraissinet au Pirée.

Bien inséré dans le monde des affaires du Pirée, François Feraldi habite dans une grande résidence, au centre-ville, qui appartenait auparavant au négociant Pantias Rallis. Vers le milieu du XIXe siècle il s’est marié à Marie Thérèse, dont il a eu deux fils, Eugène et Louis François, et une fille, Marie-Antoinette. Eugène Feraldi s’est marié à Argyro Rallis, fille de Loukas Rallis, négociant de Chios, industriel précoce et maire du Pirée (1855-1866).

Nom
Feraldi
Prénom
François Théophile
Date de naissance
1805
Date de decès
1888
Qualité
entrepreneur
Secteur d'activité
Entreprise impliquée

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