Aluminium de Grèce

L’entreprise Aluminium de Grèce (ADG), filiale de Pechiney, producteur historique français d’aluminium, voit le jour en 1961. Six ans plus tard, l’usine d’alumine et d’aluminium, située à Saint-Nicolas, en Béotie, dans le golfe de Corinthe, démarre sa production, avec un effectif d’environ 900 salariés (autour de 1 000 en 2016) et une capacité de production d’alumine à 200 000 tonnes et de métal à 70 000 tonnes. Le complexe industriel intégré d’ADG transforme la bauxite en alumine selon un procédé chimique (procédé Bayer), elle-même transformée en aluminium par électrolyse. Le métal est d’abord en très grande majorité exporté vers le marché européen avant que le marché grec lui-même n’absorbe, à partir des années 1980, une part grandissante de la production.

Cette société est née d’une double volonté d’internationalisation. La Grèce d’une part, cherche à développer son économie et son industrie par un ancrage à l’ouest dans un contexte de Guerre froide. Les efforts du gouvernement grec pour signer un accord d’association, en 1961, avec la Communauté économique européenne, en témoignent. D’autre part, Pechiney internationalise depuis l’après-guerre ses filières de production en se tournant vers le Cameroun, les Pays-Bas, l’Australie, pays où la compagnie construit des usines. Le contexte économique est favorable, la croissance des années 1950-1960 augmente les besoins en matières premières et Pechiney cherche à développer son activité hors de France où le coût de l’énergie, essentiel dans l’équation économique d’une usine de production d’aluminium, est élevé. La Grèce possède de nombreux atouts aux yeux de Pechiney : importants équipements hydroélectriques pourvoyeurs d’énergie bon marché ; sous-sol riche en bauxite ; facilités de transport maritime favorable aux exportations et aux approvisionnements en matières premières. Le site retenu est celui de Saint-Nicolas, la vallée de Metohi étant achetée au monastère d’Ossios Loukas qui en était le propriétaire. La région Antykira-Distomo, non loin du Mont Parnasse, est rurale, peu touristique hormis Delphes qui se situe à une quarantaine de kilomètres. La pêche et la culture de l’olivier sont alors ses principales activités économiques. Malgré les atouts indéniables de la situation grecque aux yeux de Pechiney, les manques et obstacles s’avèrent nombreux : absence de main-d’œuvre spécialisée, tissu industriel peu étendu, infrastructures inexistantes. Pechiney fait ainsi construire de toute pièce, pour loger les employés, une ville et une cité ouvrière à quelques kilomètres de l’usine, à Aspra Spitia. Bâtie sur le modèle social en vigueur dans l’entreprise française, la cité est hiérarchisée, à l’instar de celle de Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie (habitat ouvrier collectif, villas individuelles des ingénieurs). Le bulletin d’entreprise, Epitheorisis – Revue. Publication d’Aluminium de Grèce destinée au personnel, bilingue français-grec, reflète pendant les nombreuses années de sa publication la vie de l’entreprise et la présence de nombreux salariés français expatriés.

Au moment de l’implantation de l’usine, l’autre question épineuse est celle des résidus issus du traitement de la bauxite, qui posent problèmes depuis la création de cette industrie à la fin du XIXe siècle, sur le plan logistique et environnemental. Car une tonne d’alumine produite engendre plus d’une tonne de déchets (nommés résidus ou « boues rouges »). Sur le modèle de l’usine d’alumine de Pechiney à Gardanne en Provence, est construite une canalisation de plusieurs kilomètres déversant les boues rouges en mer, dans le golfe de Corinthe. Le procédé est décrié en France comme en Grèce, par les riverains, les pêcheurs ou les organisations de défense de l’environnement, à mesure que les enjeux environnementaux prennent de l’ampleur. À partir de 2011, ADG cesse de déverser en mer ses résidus issus du traitement de la bauxite. L’entreprise les stocke depuis cette date à terre, après traitement par filtres-presses, sur le site même de l’usine, au fond de la vallée.

ADG, malgré les crises et cycles des marchés de l’alumine et de l’aluminium, se développe depuis les années 1960 et s’impose comme un acteur économique majeur. Parmi ces évolutions : augmentation des capacités de production (jusqu’à 170 000 tonnes d’aluminium et 600 000 tonnes d’alumine), fusion de filiales pour l’exploitation des bauxites grecques (Delphi-Distomo), développement du marché intérieur et baisse de la part des exportations de métal dans l’écoulement de la production, modernisation du port de l’usine, construction d’une centrale de cogénération en 2008 (technologies de production combinée de chaleur et d’électricité à haute efficacité énergétique), résistance à la crise financière des années 2010 qui provoque l’effondrement de pans entiers de l’économie grecque. ADG résiste et permet, pour beaucoup d’acteurs locaux, de maintenir l’emploi dans la région de Distomo. Enfin, l’hellénisation du personnel, commencée au démarrage du site par la direction d’ADG (Jacques Marchandise), s’est accélérée dans les années 1980. La disparition de la maison-mère historique, Pechiney, absorbée lors d’une OPA par l’entreprise canadienne Alcan en 2003, marque la fin de la présence française dans la production d’aluminium en Grèce. En 2005, ADG, acquise par le groupe Mytilineos, passe sous pavillon grec.

Siège social
Paris
Secteur d'activité
Activité en Grèce
Usine d'alumine et aluminium
Lieu d'exercice
Date de fondation
1960
Date de dissolution
2005

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